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Rencontre avec Olivier Dubois – Fonctionnaire principal Ressources naturelles et Énergie au sein de la FAO
La FAO est l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Pour aller plus loin
>> Sur les biocarburants et la fonction nourricière de l’agriculture
>> Sur les méthodes d’évaluation du bilan CO2 des biocarburants
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À l’occasion de l’Exposition universelle Milan 2015, les acteurs de la filière Bioéthanol organisent, le 8 octobre prochain, un débat consacré aux enjeux alimentaires et énergétiques du bioéthanol. La FAO, Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation, participera à cet événement. Son représentant, Olivier Dubois, expose ici, en préambule, les principales positions de cette organisation vis-à-vis des biocarburants.
Pourquoi la FAO a-t-elle souhaité intervenir sur la question des biocarburants dans le cadre de Milan 2015 ?
Le mandat donné à la FAO depuis sa création, en 1945, est de promouvoir l’agriculture durable ainsi que la sécurité alimentaire et nutritionnelle. C’est donc à ce titre que la FAO s’intéresse aux enjeux énergétiques et alimentaires, et plus particulièrement, depuis une vingtaine d’années, à la question des biocarburants au sein de la bio-énergie. La réflexion sur les enjeux et la place des biocarburants s’est intensifiée depuis la crise alimentaire des années 2007-2008. On sait notamment que le développement des biocarburants a beaucoup à voir avec les conditions de production des systèmes agricoles et de la matière première.
Quelle est la position de la FAO sur les relations entre biocarburants et alimentation ?
Le cadre du débat a nettement évolué depuis ces dernières années. On sait désormais qu’il n’existe pas nécessairement de compétition frontale entre alimentation et biocarburants. Cette stricte opposition est même obsolète et dépassée car on peut arriver à produire conjointement des biocarburants et suffisamment d’aliments. Rappelons en outre que les biocarburants n’utilisent actuellement qu’environ 2 % des terres arables et que ce pourcentage pourrait atteindre au maximum 5 % en 2030. On sait comment parvenir à une production suffisante de biocarburants sans pénaliser pour autant la fonction nourricière de l’agriculture. J’ajouterai que pour la FAO, il n’existe pas de bons ou de mauvais biocarburants. Tout dépend de la gestion de leur mise en place.
La bio-énergie et le développement des biocarburants relèvent d’une problématique dont il faut accepter la complexité. Les études fondées sur des modèles globaux ne peuvent refléter toute la réalité. La question de la durabilité des biocarburants doit être évaluée au cas par cas, sur le terrain. C’est pour cela que la FAO conduit depuis 2007-2008 des études dans de nombreux pays à travers le monde (Thaïlande, Pérou, Tanzanie, Malaisie, Philippines…) qui lui donnent une connaissance beaucoup plus fine des éventuels risques mais aussi des opportunités fournies par les biocarburants. La FAO développe pour les gouvernements et opérateurs des outils d’aide à la décision pour le déploiement des biocarburants. De plus, elle a aussi produit des outils concernant le suivi et l’évaluation des projets et de la situation dans les pays. Enfin, elle compile tout un ensemble de « bonnes pratiques » ayant vocation à être répliquées, comme, par exemple, l’optimisation de l’utilisation de la terre par la production conjointe de cultures alimentaires et énergétiques.
Sur quels leviers les gouvernements peuvent-ils agir pour favoriser le développement des biocarburants ?
En complément aux mesures incitatives, fiscales et autres subsides qui peuvent être accordés aux biocarburants, il convient de plus travailler sur la durabilité du développement des biocarburants. Face à des outils et à des schémas de certification encore assez hétérogènes, il importe surtout de travailler à un mécanisme visant à récompenser les efforts, les progrès et la performance des acteurs engagés sur la durabilité. Plus généralement, pour la FAO, les biocarburants devraient être perçus comme une nouvelle opportunité d’investissements responsables dans la filière agro-alimentaire et le développement rural.
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