Défenseur du « pouvoir-rouler » des Français, l’association 40 Millions d’automobilistes soutient, de longue date, le Superéthanol-E85. Son délégué général, Pierre Chasseray, rappelle les raisons de cet engagement à l’occasion du Mondial de l’Auto 2024.
Quelle est votre vision du marché de l’automobile ?
C’est un marché en mutation marqué par l’effondrement du diesel, carburant politiquement mort et dont les Français se sont détournés. La voie électrique, bien que placée sous perfusion d’argent public, ne réussit pas à s’imposer. Les ventes stagnent au-dessous de 15 % de parts de marché. Autrement dit, 85 % des voitures neuves vendues sont équipées d’un moteur thermique ! Les voitures essence se maintiennent et les hybrides essence progressent, notamment dans la catégorie des hybrides non rechargeables. La prédominance de l’essence montre que ce carburant est en phase avec les automobilistes. Le bioéthanol y joue un rôle important car il est présent dans toutes les essences (en différentes proportions, ndlr*), et l’E85 ne cesse de démontrer que c’est ce qui se fait de mieux aux plans économique et écologique. C’est pourquoi Ford a réussi son pari en lançant, avec le succès que l’on sait, une motorisation hybride flexfuel d’origine.
Quelles sont les perspectives pour l’E85 ?
Le fossé entre le prix des carburants conventionnels et le Superéthanol-E85 va continuer à se creuser vers un rapport du simple au double. Dès lors, rouler avec autre chose que l’E85 revient tout simplement à jeter de l’argent par les fenêtres ! D’autant plus que l’installation d’un boîtier E85 homologué est une solution simple et qui a fait ses preuves. Malheureusement, le vent médiatique autour de l’électrique cache la réalité. En effet, la voiture électrique ne répond pas aux besoins de tous les Français. Seuls les utilisateurs disposant d’une place de stationnement à domicile et équipable d’une borne privée peuvent y trouver un intérêt au regard du prix de la recharge avec les bornes publiques. Or, le bioéthanol a cet avantage exceptionnel de répondre à l’intégralité des besoins et des usages tout en conciliant pouvoir d’achat et exigence environnementale.
Comment favoriser le développement de la solution E85 ?
Si j’étais ministre des Transports, je prendrais deux mesures permettant d’améliorer immédiatement la mobilité des Français. D’une part, en instituant une aide d’État à la conversion des voitures essence au E85, via une prime à l’installation de boitiers E85 homologués. Ce serait un marqueur très fort pour faire la promotion de ce carburant qui rend un pouvoir d’achat aux Français et qui rend un service écologique. D’autre part, je permettrais à toutes les voitures essences dotées d’un boîtier E85 de basculer en vignette Crit’Air 1 ouvrant l’accès aux zones à faibles émissions (ZFE). En attendant, c’est à nous, association de défense des automobilistes, de faire notre travail en faisant savoir que le bioéthanol est la vraie bonne idée.
En roue libre #7 : Tout savoir sur l’éthanol en direct du salon Mondial de l’auto Paris 2024
* Jusqu’à 5 % de bioéthanol dans le SP95 et le SP98, jusqu’à 10 % dans l’E10, entre 60% et 85 % dans le Superéthanol-E85.