Pour la première fois, un véhicule hybride essence flex-E85 a participé au rallye Dakar (Arabie Saoudite, 5-19 janvier) où il a terminé second de sa catégorie et remporté deux « spéciales ». Le fruit d’une collaboration inédite entre Airbus et le fabricant de boîtiers E85 Biomotors dont le directeur général, Alexis Landrieu, évoque les enjeux.
Quelles est la genèse de cette participation au Dakar 2024 ?
L’initiative s’enracine dans les relations que Biomotors développe depuis plusieurs années avec l’univers de la course automobile. Il y a encore deux ans, la Fédération Internationale Automobile (FIA) ne reconnaissait pas les motorisations utilisant le bioéthanol, mais nous avons ouvert la voie en France avec l’appui de la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA), notamment via la Twin’Cup (où toutes les Twingo participantes sont équipées d’un boîtier E85, ndlr) qui a offert une rampe de lancement au bioéthanol en compétition. Puis la FIA a donné son accord : l’agrément de l’éthanol en tant que carburant admis dans les compétitions internationales est entré en vigueur au 1er janvier 2024. Ce qui a permis à notre équipage – baptisé les « Tigres du désert » – de prendre le départ du Dakar dans la catégorie Mission 1000, dédiée aux motorisations alternatives.
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Comment le projet a-t-il été développé ?
Nous nous sommes associés à Airbus, un fleuron de l’ingénierie française réputé pour ses avions et hélicoptères, avec qui nous avons développé un véhicule de compétition SSV (buggy) doté d’un moteur hybride électrique équipé d’un boîtier de conversion Biomotors permettant de rouler au E85. Le pilote, Jean-Michel Paulhe, et son copilote, Gauthier Gibert, sont tous deux employés d’Airbus et se sont engagés dans la mise au point de ce véhicule. Biomotors a apporté son expertise sur la partie carburation mais il est important de préciser que la technologie mise en place sur ce projet est rigoureusement la même que celle installée sur les voitures particulières. Autrement dit, nous avons une « bête de course » conçue pour affronter les conditions extrêmes du désert mais équipée du boîtier E85 de « M. ou Mme. Tout-le-monde » !
Comment s’est déroulée la compétition ?
Une course comme le Dakar est à la fois un laboratoire pour les professionnels et une vitrine importante pour le grand public car certaines personnes ont, encore aujourd’hui, besoin d’être rassurées sur les questions de fiabilité, de performance et de durabilité liées à l’utilisation du Superéthanol-E85. Outre la double satisfaction d’avoir fini deuxième au classement et d’avoir remporté deux « spéciales », la course des Tigres du désert s’est parfaitement bien déroulée, depuis les départs à l’aube (où la température est en dessous de zéro) jusqu’aux heures les plus chaudes de la journée. Nous avons fait la démonstration de l’expertise acquise en matière de motorisation utilisant le bioéthanol, de la pertinence de la solution « hybride électrique + boîtier E85 » et de ses performances de consommation, la partie électrique ayant totalement compensé la surconsommation induite par l’éthanol.
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Quels prochains challenges ?
Nous étudions actuellement des partenariats avec plusieurs rallyes et plateaux de courses et nous nous appliquons à développer l’usage du bioéthanol dans le nautisme de plaisance et de compétition. Mais nous voyons encore plus loin : l’expérience positive du Dakar est un premier pas pour sortir le bioéthanol de la catégorie « motorisations alternatives » et en faire le carburant de référence sur le Dakar… Voire au-delà, dans l’univers du sport auto !
