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Décarboner… avec le bioéthanol

Tous les deux ans se tiennent les Rencontres du Bioéthanol. L’occasion pour les acteurs de la filière Bioéthanol (producteurs, pouvoirs publics, parlementaires, associations de consommateurs, constructeurs automobiles, fabricants de boîtiers E85…) d’évoquer la place et les atouts du bioéthanol dans la future politique énergétique qui se dessine. Synthèse des principaux échanges de cette 8e édition qui s’est déroulée le 23 septembre dernier.

En ce qui concerne les véhicules, « on ne passera pas du tout diesel au tout électrique ou à tout autre type d’énergie : on a besoin de multiples solutions pour parvenir à nos fins », a rappelé en introduction Pierre-Franck Chevet, président d’IFP Énergies nouvelles (IFPEN). Pour décarboner le secteur du transport dans les quinze ans à venir, il faut avant tout adopter une approche pragmatique et non dogmatique dans les choix énergétiques à opérer. Autrement dit, prendre en compte pour chaque énergie envisagée (essence, électricité, hydrogène…) non seulement le CO2 qui sort du pot d’échappement mais aussi l’origine des ressources, la pollution atmosphérique, les conditions de production, le recyclage… bref, ce que l’on appelle l’analyse du cycle de vie (ACV). Une analyse très favorable au bioéthanol, énergie produite à partir de matières premières végétales renouvelables et immédiatement disponible sur notre territoire.

A la lumière de l’histoire récente des choix énergétiques opérés par la France (le diesel en 1974 à l’heure du premier choc pétrolier pour faire des économies d’énergie, l’essence après le dieselgate et, aujourd’hui, la montée en puissance de l’électricité et de l’hydrogène), on pressent qu’aucune solution ne pourra prétendre à l’exclusivité, surtout dans les délais impartis. Pour ce qui est de l’électricité, on se heurte, entre autres, au problème du recyclage des batteries et à celui de la capacité de production pour couvrir tous les besoins.

Par conséquent, pour atteindre les objectifs de décarbonation, il faut pouvoir utiliser tout ce qui est disponible. « Il faut en priorité décarboner le parc roulant, notamment avec le bioéthanol, ce qui n’empêche pas de développer l’hydrogène ou d’autres technologies, surtout quand on voit le bilan CO2 de l’éthanol et la facilité pour convertir un véhicule essence, avec à la clé une tonne de CO2 économisée par an et par véhicule », souligne Valérie Corre, vice-présidente du SNPAA (Syndicat national des producteurs d’alcool agricole).

Les intervenants à ces échanges ont également demandé « une plus grande cohérence et équité réglementaire et fiscale au niveau hexagonal mais aussi européen pour accélérer la décarbonation des transports (mesure du puits à la roue de toutes les énergies, mutualisation du plafond d’incorporation des biocarburants dans les transports à 7 % permettant ainsi à la France de faire plus que 7 %, stabilité de la fiscalité des biocarburants, cohérence des taxes annuelles pour les flottes de véhicules de sociétés au regard du CO2…) », a insisté Nicolas Rialland, directeur environnement et affaires publiques de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves).

Enfin, les acteurs de la filière Bioéthanol au sens large ont rappelé qu’ils sont d’ores et déjà en capacité de répondre aux nouveaux enjeux de mobilité. À 0,65 €/l à la pompe, le Superéthanol-E85 convainc de plus en plus d’automobilistes. « Du côté des constructeurs automobiles, de nouvelles gammes de véhicules Flex Fuel-E85 d’origine sont disponibles depuis cet été pour répondre à la demande des automobilistes », a indiqué Louis-Carl Vignon, président de Ford France. En parallèle, 10 millions de véhicules essence sont éligibles à la pose de boîtiers E85 tandis que le nombre de stations E85 ne cesse de progresser (près de 2 600 soit plus d’une station sur 4). Du côté des producteurs, sans même recourir à l’augmentation des surfaces cultivées, il est possible de répondre à l’accroissement de la demande rien qu’en optimisant les outils de production actuels pour délivrer 18 millions d’hectolitres d’éthanol contre 12 millions aujourd’hui. En conclusion, le bioéthanol a tous les atouts pour intégrer le mix énergétique des années cruciales de la transition à venir.